• Les lapins et lapines de pâques (conte cauchois)

    Les lapins et lapines de pâques (conte cauchois)

    Conte Ruſkall : "Cauchois" (avec comme chez les frères Grimm, des explications sur l’origine de Pâques, pour ceux qui aiment l’histoire, et nombre de mots dialectaux du Pays de Caux, j’ai bien dit dialecte et non patois, c’est parfois ardu à cause de la comparaison linguistique. Mais je vous fais partager ce que j’aime.).

     

    Pour les lecteurs – Ē = èi, é = ie,  þ = th, ◊ = ng en runes, ſ = s, ainsi que Ŕ (sauf qu’il n’est pas prononcé), certains mots sont écrits en Ruſkall, vieux cauchois du XVIIIème siècle (non francisés par la graphie Lechanteur). 

     

                                                       Heria og Haþ das Auſtr:  

     

                                                              « Les lapins et lapines de Pâques »   

     

       La nuit de l’équinoxe de printemps, au soir du 21 mars, en plein cœur des forêts profondes, dans les clairières illuminées par les étoiles ; les lièvres à queue blanche se réunissent à la pleine lune et dansent avec frénésie, parfois en vue et sus des petits êtres de la forêt et du Lítillfólk (petit peuple) des ElfinŔ, mais toujours à l’abri des regards humains.

     

       Ils font une Karoll (carole/ronde), au son inaudible d’une musique silencieuse et céleste, que ne peuvent percevoir aucune oreille humaine.

     

    Se coursant en large Hri◊r (ring/anneau) à la poursuite concentrique, jusqu’à resserrer au maximum leur circonvolution. Et d’un brusque coup de rein, se propulsent les uns vers les autres, pour se catapulter, rebondissant par ce biais l’un contre l’autre, et s’éjecter ainsi vers l’extérieur du dit cercle.

     

       Og þó! dekonillan (Et zou déconillant ! courant comme des lapins), poursuivant cet élan, rejoignent en un instant leur pays d’origine ; où ils vont en terre Múgonoott (Muguenotte/protestante), entre le 22 mars et 25 avril, faire apparaître par magie les œufs d’Auſtr (Pâques), que cette nuit-là et seulement cette nuit spéciale, les lapins et leurs Haþ (hases: femelles du lapin, qui symbolisent Frigg la Reine des Ases), ont Ponnæ (ponnée/pondu) pour les poulots (enfants).

     

       Mais, diriez vous, si vous êtes Horſæn (horsain/étranger, Français bien évidemment inclus, parfois aussi « celui qui n'est pas du pays/coin ») : 

     

    - Konínr ket ponnann, sáre’ta niks!: « Des lapins qui pondent, ça n’existe pas ! »

     

       C’est ce que disent généralement les adultes, et les PápikollŔ (Papicolles/catholiques) qui ont perdu leur part d’innocence et de rêve enfantin. 

     

       Alors, on pourrait vous répondre que : 

     

    Viſk'já viſk'niks!: "peut-être que oui, peut-être que non !" (P’têt bin qu’oui, p’têt bin qu’non !).

     

       Mais dans la Færé (faérie) tout est possible. Et c’est en l’occurrence, certes plus probable en tout cas, que des cloches qui pondraient des œufs à leur retour du Vatican (Saint Pierre de Rome plus précisément, récupération chrétienne, du folklore ruſkall et des légendes traditionnelles norroises).

     

       Tan no er Ēn Heri, í re’t tó muſhimora sa◊l, ket hvaðſá dó ponna Ēn kokar, mæ kank hon  re’táĒn Heri færé uju Gųðja eŔaúkiDrottni◊ÆſiŔ, og k'no áw en aúk lúö Kuë ruina,grapaálítin as dųr, að haþ er fúmell, verið toli as verulegr.

     

       Quand on est un Heri (lièvre, jeu de mot avec Her: "Maître/Seigneur"), il n’est peut-être pas aussi simple que cela de pondre un œuf, mais lorsqu’on est un Heri færé (franco-patoisé Heri-feré au Cotentin, mal francisé en Lièvre ferré 1) ) ou une déesse et de surcroît la Reine des Ases (Dieux nordiques), et qu’on possède en sus la science runique, prendre l’aspect de cet animal, dont la hase est la femelle, est tout du possible.

     

                               Komo mųnda Ēn egg: « Comment matérialiser un œuf »

     

                Stíll úal ættr das Haþ og Heria, tranſųnn as Jolíbók; söþar jolíbókhulda Hálwinnia.

     

                Texte à l’usage des hases et lièvres, extrait d’un livre de magie ; ancien grimoire secret des Prêtresses Halouines (les chrétiens en ont détourné le sens en: "livre diabolique", mot à l’origine de celui d’Halloween).

     

                Avec force et conviction, faites pulser en vous le Gir (tourbillon de la création) ; isolez le jusqu’à le faire se focaliser en un point concentrique. Donnez lui une consistance, un volume sans aspérité et tout en courbe, faites lui prendre une forme sphérique, imaginez lui une épaisseur, un poids et enfin une paroi en matière fine et Kaſúel (cassuel/fragile/facile à briser). Puis, par votre méat (orifice naturel), Pók! Evacuez le dit artefact, en Ponnan (pondant) avec délicatesse, et celui-ci par la force suprême de votre pensée autant que par volonté. Sortant en douceur, il prendra naturellement un aspect ovoïde, se contractant à son orifice supérieur, en glissant naturellement. Pour se matérialiser dans sa forme ovalisée d’Egg (œuf), dont la Skafott (coquille) durcira en Ēnn poþ (ein pose/un instant).

     

       La ponte effectuée avec succès, les petits lagomorphes rangent avec soin ces œufs mystérieux, qui ont les formes aussi diverses, que ceux de cailles, de poules ou d’oies. Ils sont soigneusement emballés par catégories et selon leur variétés, par Pukki◊ (pouquage par piètre francisation) dans une HottĒ (hotée/contenu d’un panier) d’osiers, sur un traîneau chargé par les responsables de son approvisionnement, qui s’attèlent chacun à sa Kanér (canière/son harnachement). Et quand l’Hallöþ (hatleuse/attelage) est complet, ils s’en vont à toute Berþi◊ (berzingue/allure/vitesse), livrer leur provision, au Her Heri (Maître lièvre) chargé de la livraison cantonale, des friandises d’Auſtr (Pâques).

     

       Après cela, par Huſta af þa pukk (tours de magies), au sortir de la Pukk (pouque), ils prennent une toute autre dimension et consistance ; se transmutant en petits Kokar (cocard/œufs) de sucre, en moyen de massepain ou nougatine, en plus gros de chocolat, selon le souhait du lapin livreur et/ou des petits enfants receveurs. Le Heri ou l’Haþ déposent gracieusement et précieusement les œufs, dans les jardins et foyers, les cachant et distribuant avec malice, pour que les enfançons les découvrent sans trop de difficultés, mais pas trop facilement bien sur.

     

    Les adultes quant à eux, se distribuent le matin par Pukaģ (pouquage/don aux autres), des œufs artisanaux, achetés dans les boutiques des marchands.

     

       C’est durant la nuit du vendredi au samedi d’Auſtr, que le Normand va Fæk þrúmútú: "faire du vacarme" dans les églises. Avec des KlakettŔ: "claquettes/cloches de bois", ou des MalloſhŔ: "mailloches/maillets" sur une Tarlavell (planchette de bois), une planche à laver, à découper, ou des crécelles. En remplacement des Skéllr (cloches/sons de cloches), sensées être parties Róma: "lutter/combattre" (à l’origine du terme Roman), pour une joute amicale, afin d’élire la plus musicale d’entre elles (mot que le Pápikoll: "catholique" et la christianisation, transformèrent par opportunisme en: Rome). Certaines en reviennent même fêlées, lors de confrontations plus brutales que les années précédentes.

     

    A Rouen, une roue à klakettŔ appelée Tarabat, entrait spécialement en fonction cette seule nuit-là.Roue où sont assemblées plusieurs KlakettŔ (claquettes), dont on se servait pour l’ancien culte de Roth-magnus: "la grande rouge" ou Rotho-magus: "la grande roue" (de Rotomagus/Rothomagus anciens noms keltisk de Rouen), appelée Roth Ramhach: "roue ramante", ou Roth Ramarach: "roue tourbillonnante" en teangorlach (ancien irlandais). Elle est aussi présente dans l’église de Golleville (Wíkland/Cotentin) sous l’appellatif Hjól-saman-tin et/ou Row-saman-tin (du ruſkr Row: "rouet", des norrois Hjól & Saman: "posséder/ensemble", plus du ruſkall Tin, ou apocope de Tintenabl: "tintenable/clocheton"), avec 12 clochetons, très mal francisée en « Roue Saint Martin » (connue aussi dans nombre d’églises ou chapelles bretonnes, sous le nom de Tarabara, et modernisée avec des clochettes)

     

    Notes :

     

       A l’origine, cette fête étaient une offrande de mycrastères (oursins fossiles au dessin si particulier, qui symbolisaient les œufs de la Guivre/Gouivre/Wuivre: serpent blanc mythologique de l’ancienne religion druidique, imageant le 1ier stade de la volve du champignon shamannique (la graphie est volontaire), porte-bonheur dont se faisaient cadeau les Shamanns (idem), Druides et cavaliers se consacrant à une quête.

     

    Puis, ce furent symboliquement de vrais œufs décorés au pochoir pour l’occasion, des œufs de porcelaine ouvragés pour les plus riches, et ensuite de jolis cocos en massepain de diverses couleurs. 

     

    Après, il s’en fit en sucre plein à l’image des vrais, auxquels ont colla des hosties peintes de scènes religieuses variées, puis en nougatine creux, et plus tard on en confectionna en coque de chocolat.

     

    - Haþ: ['haz] f.s.p.

     

    * "hase/lapine/femelle du lièvre" (mot d’origine saxonne, le lapin de pâque est dû à un jeu de mot avec le norrois Ásjón/Ásųnja: "Déesse", Freja est la Vanadisa nordique de l’amour [maîtresse d’Óðinn/Odin], à l’origine du français Frayer, Frigg/Frigga est l’Ásųnja Suprême skandinave (graphie du mot en français du XVIIIème siècle) de la fécondité [épouse d’Óðinn]).

     

    - Klokk: [kl∂k] f.s.

     

    "cloche" (du norrois Klukka: "cloche", le mot français vient du gaulois Klokka, pas d’un hypothétique mot latin, dont le final a chuinté, à l’origine de l’expression française : Mettre en cloque, voir à Klúg/Klú, en jeu de mot avec l’english Bell: "cloche" & Belly: "ventre", lui même issu du norrois Belgr: "ventre", BellĒ en ruſkall, c’est à l’origine de la légende des cloches de Pâques). L’invention des cloches est d’origine germano-skandinave, ce sont les peuples de la mer, qui les introduisirent en Egypte. Ayant un relent trop païen selon les premiers chrétiens des Pays anglo-saxons, elles furent fondues ou noyées par ceux-ci, mais les paysans les utilisaient toujours pour lutter contre les premières gelées blanches. Ce n’est qu’au VIIème siècle que le clergé catholique romain, de guerre lasse, finit par les adopter.

     

    - 1) Heri færé litt. "lièvre de faérie", franco-patoisé Heri-feré, mal francisé en Lièvre ferré, et dont on dit qu’il fait un bruit de cavalcade quand il traverse un pont (c.-à-d. la Bifröst: "arc-en-ciel" des légendes skandinaves), ou sur les RokŔ & RokalŔ (rock et rocailles, du norrois Rok: "mer écumante/tempête furieuse") en ruſkall (dialecte norrois du Pays de Caux)/ruſkr (dialecte norrois de Normandie)/ruſki (dialecte norrois de Rouen, plus ancien que le parler purin, à l’origine du Rouchi par migration aux XV/XVIème siècles, suite au rattachement de la Normandie à la France et aux guerres de religions, dialecte maintenant francisé de Valencienne/Nord).

     

    2)Et/ou de Rotho Magus: "marché de Hróðr" (selon Eugène Beauvois, écrivain bourguignon du XIXème s., spécialisé dans les peuplements skandinaves), par jeu de mot avec Magos: "marché", mais il appert que cette traduction plus tardive, date des sociétés patriarcales, qui remplacèrent la Grande Déesse Mère par un Dieu machiste, traduction que privilégie Wikipédia, l’encyclopédie du pire…).

     


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